Extrait du roman "Double Hélice" de Koji Suzuki aux editions Presse Pocket ******************************************************************* Ces 4 pages (partie infime de l'ouvrage) sont présentées ici dans l'unique but de persuader et donner envie à l'internaute de se procurer le roman original, par ailleurs acquis par le rédacteur de l'article. Aucune inclinaison mercantile ne saurait être reprochée, c'est tout au contraire une volonté de promotion de l'oeuvre qui prévaut dans cette démarche. L'intégralité de ces textes sont la propriété de l'auteur Koji Suzuki et des différentes maisons d'éditions, la Kadokawa Shoten Publishing au Japon et Presse Pocket pour la parution française et la traduction. Merci de ne les utiliser en aucun cas avant de s'être procuré le livre. ******************************************************************* PREMIERE PARTIE : L'AUTOPSIE -1- Dans le bureau de l'institut medico-légal où il était responsable des autopsies, Ando parcourut des yeux le dossier du cadavre qu'il s'apprêtait à autopsier. Pendant qu'il comparait le cadavre aux polaroïd pris sur les lieux au moment de sa decouverte, ses mains devinrent moites de sueur, il dut aller plusieurs fois les laver. On était en octobre, il ne faisait pas particulièrement chaud, mais Ando transpirait facilement et avait l'habitude de se laver fréquemment les mains. Il étala à nouveau sur la table les photos jointes au dossier et regarder fixement l'une d'elles. Elle représentait un homme au corps massif, la tête appuyée au bord d'un lit, sans vie. Sans trace extérieure de blessure. La photo suivante était un plan rapproché de son visage. Il n'y avait pas trace de stase sanguine, ni de marques de strangulation. rien sur ces photos ne permettait de déterminer la cause de la mort. C'était d'ailleurs précisement pour cette raison que le cadavre avait été transféré à l'institut médico-légal, sur décision du médecin légiste, même si çà première vue, la mort ne semblait pas d'origine criminelle. C'était sans doute un mort subite, mais d'un point de vue légal, on ne pouvait incinérer le cadavre sans déterminer la cause de la mort et vérifier qu'elle n'avait rien de suspect. Ando connaissait bien cet homme qu'on voyait sur les photos, allongé les bras en crois, jambes écartées. Jamais il n'aurait pensé avoir un jour à autopsier le cadavre d'un de ses anciens camarades d'université... Dire qu'il était encore vivant douze heures plus tôt. Ryuji Takayama avait suivi les mêmes cours qu'Ando à la faculté de médecine pendant six années. La plupart de ses condisciples visaient à devenir généralistes, et Ando, qui suivait des cours de médecine légale, passait pour un farfelu mais Ryuji Takayama, lui, s'était encore plus éloigné des sentiers battus. Bien qu'il ait réussi ses examens de fn d'études de médecine avec des nôtes qui figuraient parmi les meilleures, il s'était inscrit dans la même université dans la section lettres et philosophie. S on dossier indiquait qu'au moment de sa mort il était titulaire d'un poste de professeur en faculté de philosophie, spécialiste de la logique. Ce qui signifiait qu'il était arrivé, bien que dans un domaine différent, à la même position qu'Ando. C'était une carrière assez rapide, si l'on songeait qu'il n'avait passé que trois années en fac de lettres. Il avait trente-deux anas, soit deux ans de moins qu'Ando, qui était entré à l'université après deux années sabbatiques. Ando jeta un coup d'oeil a la colonne indiquant l'heure du décès : il avait eu lieu la veille, à neuf heures quarante-neuf minutes. -Plutôt précise, l'heure du décès, dit Ando en levant la tête vers le fonctionnaire de police de haute taille qui assistait à l'autopsie. Ryuji vivait seul dans son appartement du quartier de Nakano. L'heure était trop précise pour un célibataire que quelqu'un aurait trouvé mort par hasard en lui rendant visite. -C'est dû au hasard, dit le commissaire comme si de rein n'était, en s'asseyant sur une chaise à côté d'Ando. -Un hasard ? quel genre de hasard ? Le commissaire se tourna vers le jeune adjudant de police également présent dans la salle d'autopsie, pour lui demander : -Maï Takano est-elle arrivée ? -Oui, je l'ai aperçue tout à l'heure dans la salle d'attente reservée aux familles. -Fais-la venir, veux-tu ? -Entendu. Le policier quitta la pièce. -La jeune fille qui a découvert le corps est ici, expliqua le commissaire à Ando. Elle ne fait pas partie de la famillen c'est une étudiante qui suivait les cours du professeur Ryuji Takayama, enfin, c'était sans doute sa maîtresse, pour venir chez lui comme ça. Jetez un coup d'oeil au dossier et si certains points vous paraissent douteux, questionnez-la directement. Dès l'autopsie terminée, le corps devait être remis à la famille. Dans le cas présent, la mère de Takayama était là, ainsi que son frère aîné accompagné de sa femme, mais la jeune femme nommée Maï Takano, étudiante et sans doute amante du défunt professeur, se trouvait également sur place. Enentrant dans la pièce, la jeune femme s'arrêta un instant et secoua la tête. En la voyant arriver, Ando s'était levé, s'était incliné pour la saluer puis l'avait invitée à s'asseoir. Maï takano portait une discrète robe bleu marine, et serrait un mouchoir blanc dans sa main. La beauté des femmes était-elle exacerbée par la proximité de la mort ? se demanda Ando. La couleur sombre de la raobe faisait ressortir la blancheur des bras et des jambes minces de cette jeune femme gracile. D'après l'ovale régulier de son visage, sa boîte cranienne devait avoir une belle surface courbe. Ando n'avait pas besoin de son scalpel pour imaginer le squelette bien ordonné, la couleur du coeur qui palpitait sous la peau. Le désir de toucher cette chair le traversa. Le commissaire fit les présentations, puis la jeune fille voulut s'asseoir mais elle vacilla, dut poser une main sur la table voisine pour se retenir. -Ca va aller ? demanda Ando en observant le visage de la jeune femme. Son teint presque gris, évoquait celui d'une anémique. -Ce n'est rien, dit-elle. Appuyant d'une main son mouchoir sur son front, elle gardait la tête baissée, les yeux fixés sur un point par terre. Elle but le verre d'eau que lui tendait le commissaire puis releva la tête, l'air un peu rasséréné et murmura d'une voix à peine audible : -Excusez-moi, je suis un peu... Ando comprit tout de suite : elle avait ses règles, et l'émotion de la veille ajoutée à cela avait suscité un début d'anémie chez elle. Si c'était ça, il n'y avait pas de quoi s'nquiéter outre mesure. -En fait, expliqua Ando pour décontracter un peu l'atmosphère, Ryuji Takayama était un de mes camarades d'université. Les paupières baissées de Maï se relevèrent d'un coup. -Monsieur Ando, avez-vous dit ? -Oui, c'est cela. Elle scruta les traits du médecin, en plissant les paupières puis inclina la tête en le saluant d'un air soulagé, comme si elle venait de reconaitre un visage familier. -Merci de ce que vous faites. Elle était rassurée : si Ando était un ami de Ryuji Takayama, il saurait traiter son corps avec respect. C'est ainsi, du moins, qu'Ando interpréta le changement d'expression de la jeune fille. Il savait cependant, que la pointe de son scalpel agirait de même, que le cadavre soit celui d'un être proche ou pas. -Excusez-moi, mademoiselle Takano, auriez-vous l'obligeance de raconter encore une fois, devant le professeur Ando, les circonstances dans lesquelles vous avez découvert le corps du professeur Takayama ? Par cette intervention, le commissaire voulait sans doute marquer sa volonté de ne pas laisser la conversation s'égarer sur l'évocation des souvenirs du défunt. Il s'agissait d'une mort suspecte, et il était là pour faire son travail. S'il avait demandé à la jeune fille d'être présente lors de l'autopsie, c'est parce qu'il voulait que le témoin privilégiait qu'elle était raconte directement au médecin légiste ce qui s'était passé la veille aux alentours de vongt et une heures conquante. Plus les circonstances seraient claires, plus, sans doute, cela aiderait à déterminer les causes de la mort. Maï baissa la voix d'un ton et se mit à répéter pour Ando le récit qu'elle avait deja fait la veille devant le commissaire : -Je venais de sortir de mon bain et j'étais en train de me sécher les cheveux quand le téléphone a sonné. J'ai aussitôt regardé ma montre. C'est une habitude que j'ai : en regardant l'heure de l'appel, j'ai tout de suite une idée de la personne dont il s'agit. En général, c'était moi qui appelait le professeur takayama, il ne m'appelait pratiquement jamais. Et même quand cela lui arrivait, ce n'était jamais après neuf heures du soir. Voilà pourquoi je n'ai aps imagnié une minute que l'appel pouvait venir de lui. J'ai soulevé le combiné et le temps de dire "allô" et de prendre une inspiration, j'ai entendu un hurlement au téléphone. Surprise, j'ai éloigné le combiné de mon oreille. Ma première réaction a été de penser à une mauvaise plaisanterie, mais le hurlement a été suivi de gémissements, puis ça s'est arrêté... Il y a eu un silence qui ne paraissait pas de ce monde, je ne saurais comment dire autrement. Prudement, j'ai de nouveau approché le combiné de mon oreille, pour essayer d'entendre quelque chose. et tout d'un coup, la pensée du professeur Takayama m'a traversé l'esprit : ce hurlement m'avait fait penser à sa voix. j'ai raccroché le téléphone, puis j'ai composé à mon tour le numéro du professeur mais ça sonnait occupé. Finalement, j'en ai conclu que c'était bien lui qui m'avait appelée et que quelque chose n'allait pas. -Ryuji et vous n'avez donc pas échangé un seul mot au téléphone ? demanda Anda. Maï secoua lentement la tête en réponse : -Non, pas un mot. J'ai entendu ce hrulement, c'est tout.