Extrait du roman "Ring" de Koji Suzuki aux editions Presse Pocket ******************************************************************* Ces 4 pages (partie infime de l'ouvrage) sont présentées ici dans l'unique but de persuader et donner envie à l'internaute de se procurer le roman original, par ailleurs acquis par le rédacteur de l'article. Aucune inclinaison mercantile ne saurait être reprochée, c'est tout au contraire une volonté de promotion de l'oeuvre qui prévaut dans cette démarche. L'intégralité de ces textes sont la propriété de l'auteur Koji Suzuki et des différentes maisons d'éditions, la Kadokawa Shoten Publishing au Japon et Presse Pocket pour la parution française et la traduction. Merci de ne les utiliser en aucun cas avant de s'être procuré le livre. ******************************************************************* PREMIERE PARTIE : AU DEBUT DE L'AUTOMNE -1- 5 septembre : 22h49. Yokohama Un groupe d'immeubles de quatorze étages s'étend au nord d'un quartier résidentiel proche du parc Sankeien. Ils sont de construction récente, mais presque tous les appartements sont déjà occupés. On peut en dénombrer une centaine par immeuble, alignés en rangs serrés. Et pourtant, leurs occupants ne se connaissent pas, et seule la lumière qui filtre des fenêtres à la tombée de la nuit atteste de présences humaines dans chacun des logements. Au sud, l'éclairage éblouissant d'une usine se reflète sur la couche d'huile qui recouvre la mer. D'innombrables tuyaux courent sur le mur extérieur de l'usine, comme les vaisseaux sanguins d'un corps humain. Une multitude de petits points lumineux, ressemblant à ceux émis par les noctiluques, éclairent le mur d'entrée et confèrent une certaine beauté à cette scène grotesque. L'usine projette son ombre silencieuse sur l'étendue noire de la mer. A une centaine de mètres, des résidences d'un étage, aussi récentes que les immeubles, s'alignent bien régulièrement. Chacune possède un hall d'entrée orienté au sur, et un garage contigu permettant de loger une seule voiture. De habitations tout à fait classiques comme n'importe quelle nouvelle résidence, mais peu ombragées sur l'arrière et les côtés. Pas un seul acheteur ne s'est encore manifesté -peut-être parce que l'endroit n'est pas très bien desservi- et on peut voir fleurir un peu partout des pancartes "A vendre". Comparé au groupe d'immeubles de quatorze étages construit à la même époque et dont les appartement on été immédiatement occupés, ces résidences donnent l'impression d'être abandonnées. Nénamoins, un rayon de lumière fluorescent s'échappe d'une de leurs fenêtres pour venir innonder la rue sombre. Cette unique lumière provient de la chambre de Satoko Oishi. Satoko, élève de trosième année dans un lycée privé, est assise à son bureau vêtue d'un t-shirt blanc et d'un short. les jambes négligemment allongées en biais vers le ventilateur électrique posé sur le sol, elle a les yeux rivé sur son livre d'exercices. L'air produit par l'appareil effleure ses bras nus, faisnat voleter le bas des manches de son T-shirt. Un bon moyen de lutter contre la chaleur dont tout le monde se plaint. Satoko s'est trop amusée pendant les vacances d'été, laissant son travail scolaire s'accumuler et accusant la chaleur de l'empêcher de travailler. Néanmoins cette année, il n'a pas fait très chaud, les beaux jours se sont faits rares, et par rapport aux autres années le nombre de vacancier fréquentant le bord de mer a diminué. Mais naturellemnt, dès la fin des vacances, un beau soleil d'été s'est installé cinq jours durant. Satoko n'apprécie pas le côté ironique de la météo et elle en veut au ciel. ...Comment arriver à travailler par cette chaleur ! Elle passe la main dans ses cheveux et la tend vers sa radio pour augmenter le volume. Son regard est attiré par un moustique qui vient de se poser sur la moustiquiaire de la fenêtre à côté d'elle. A u bout d'un certain il repart, se laissant d"river au gré de l'air déplacé par le ventilateur. L'insecte une fois disparut dans les ténèbres, la moustiquiaire se met à trembler légèrement pendant quelques secondes. Depuis un moment, Satoko n'arrive plus à se concentrer sur son travail. elle a un test demain, mais aucune envie d'y passer la nuit. Elle jette un coup d'oeil à son réveil. Presque onze heurs déjà ! Pourquoi ne pas regarder les nouvelles sur le base-ball professionnel à la télévision ? Elle apercevra peut-être le visage de ses parents assis dans le stand du carré de jeu ? Satoko repense alors au test qui l'attend demain. Elle veut à tout prix aller à l'université. Avoir la possibilité d'y entrer lui suffit. Le nom de l'université lui importe peu. Tout de même, ces vacances d'été ont été pleines de frustration. Le mauvais temps l'a empêchée de s'amuser comme elle aurait voulu, et l'humidité de l'air a été si pénible à supporter, qu'elle n'a pas réussi à avancer dans son travail. Pour ses dernières vacances de lycéenne, elle aurait pu espérer quelque chose de plus excitant. Des vacances d'été comme elle pourrait encore être considérée comme une lycéenne il n'y en aurait plus ! D'humeur exécrable, prête à agresser le premier venu, elle change soudain de cible. Quand je pense qu'ils sont allés tranquillement voir un spectacle nocturne en laissant leur fille suer au travail ! On peut dire qu'ils ne pensent pas beaucoup à elle ! Tout à fait par hasard, un collègue de travail a proposé à ses parents des billets pour assister à un grand matche, et ils sont partis au Dôme de Tokyo. S'ils ne terminent pas la soirée quelque part après la compétition, ils ne devraient pas tarder. Pour l'instant, Satoko est toute seule dans leur appartement de cinq pièces, flambant neuf. Il n'a pas plu depuis quelques jours, et une étrange atomsphère d'humidité imprègne l'air. De fines goutelletes en suspension se mêlent à la transpiration du corps de Satoko. Inconsciemment, elle se donne une tape sur la cuisse,puis jette son bras en l'air pour attrapper un moustique, sans succès. Elle ressent une sorte de démengeaison juste au-dessus du genou, qu'elle met sur le compte de son imagination. Un bourdonnement rompt le silence. Elle lance ses bras au-dessus de sa tête et fait claquer ses mains. Une mouche, qui disparaît soudain de son champs de vision, chassée par l'air du ventilateur vers le haut de la porte. Comment une mouche a-t-elle pu entrer ici ? La porte est fermée et Satoko qui a bien vérifié la fermeture des moustiquiaires des fenêtres se demande par où la mouche a pu s'introduire dans la chambre. Et puis soudain, elle a envie d'aller aux toilettes et de boire quelque chose. Elle n'a pas vraiment l'impression d'étouffée, mais se sent oppréssée, comme si un poids pesait sur sa poitrine. Tout à l'heure elle marmonnait en exprimant son mécontentement, et maintenant changeant complètement d'attitude, elle ne dit plus rien. En descendant l'escalier, Satoko sent son coeur battre de façon incontrôlée. Une voiture passe dans la rue, et ses phares éclairent un instant le mur au pied de l'escalier. Alors que le bruit du moteur s'estompe, l'obscurité semble s'accentuer, et Satoko réagit en descendant le reste des marches bruyamment, et en allumant la lumière dans le hall d'entrée. Elle reste assise sur le siège des toilettes plus longtemps que nécessaire, perdue dans ses pensées. Les violents battements de son coeur ne se sont aps encore atténués. Elle n'a jamais ressenti cela auparavant. Que se passe-t-il donc ? Elle respire profondément à plusieurs reprises avant de se lever et de se rhabiller. "Pourvu que papa et maman reviennent vite ! se dit-elle, réagissant comme une toute petite fille. ...J'en ai marre ! Quelqu'un pourrait m'aider s'il vous plaît ?" Cet appel ne s'adresse pas à ses parents pour qu'ils reviennent vite, mais plutôt à quelqu'un d'inconnu. "Je vous en prie, ne me faîtes pas peur." Satoko, inconsciemment, utilise un langage poli. Elle se lave les mains dans l'évier de la cuisine. Sans prendre la peine de les essuyer, elle prend des glaçons dans le freezer et les met dans un verre qu'elle remplit de Coca-cola. Puis elle boit son verre d'un seul trait et le pose sur la desserte. Les glaçons s'entrechoquent un instant avant de s'immobiliser. Elle frissonne et sent le froid l'envahir. Malgrè le verre qu'elle vient d'avaler, sa gorge reste sèche et elle a encore soif. Elle rouvre le réfrigérateur, prend une bouteille d'un litre et demi de Coca-cola et se remplit un autre verre. Ses mains tremblent. Elle sent quelque chose rôder derrière elle. certainement pas une présence humaine. Une odeur de viande en décomposition imprègne l'air ambiant..., et elle perçoit quelque chose d'inconsistant. "Je vous en prie ! Arrêtez !" supplie-t-elle à voix haute. l'ampoule de 15 watts située au-dessus de l'évier s'éclaire par intermittence. Bien que changée récemment, elle ne paraît pas fiable. Satoko se met à regretter de ne pas avoir allumé toutes les lampes de la cuisine. Mais figée sur place, elle ne peut pas atteindre les interrupteurs et tremble de tous ses membres. Elle sait que quelque chose bouge derrière son dos, dans cette pièce à la japonaise de huit tatamis, contenant une alcôve avec un autel aménagé en souvenir de son grand-père. L'ouverture des rideaux permet juste d'aprecevoir, à travers les moustiquiaires des fenêtres, le gazon entourant la maison et la lumière en provenance du groupe d'immeubles. Rien d'autre. Satoko a bu la moitié de son deuxième verre de Coca-cola et tremble comme une feuille. Mais si cette chose est le fruit de son imagination, elle n'en produit pas moins de très fortes sensations. C'est alors qu'elle sent quelque chose essayer d'atteindre son cou. "Je fais quoi, si elle me touche ?" Incapable de rassembler ses idées, elle ne pense plus qu'à cette chose, et sa peur finit par devenir insupportable. Puis brusquement, les événements de la semaine précédente qu'elle s'était empréssée d'oublier lui reviennent à la mémoire. Shuichi n'aurait pas dû dire cela. Après, personne n'a pu faire marche arrière... Mais de retour en ville, aucun d'entre nous n'a sérieusement pensé que ces images, d'une netteté incroyable, pouvaient être réelles. l'oeuvre d'un petit farceur, sans doute. Satoko essaie de penser à quelque chose de plus gai. En tout cas, à quelque chose d'autre... Mais si c'etait vrai..., si cette chose était bien réelle et avait un rapport avec ces images, alors, elle aurait déjà dû recevoir un appel téléphonique. "Ah ! Je me demande bien ce que feraient papa et maman à ma place. Revenez vite !" dit satoko en élevant la voix, sans pour autant arriver à supprimer cette impression d'ombre étrange... A coup sûr quelque chose se déplace derrière elle. Elle attend le bon moment. A dix-sept ans, Satoko n'a jamais vraiment eu peur. mais elle sait que parfois, la peur peut être exacerbée par l'imagination. "Ce n'est que mon imagination. A tous les coups. Même si je me retourne, je ne verrai rien. Il n'y a rien, c'est sûr." Elle a très envie de se retourner pour s'assurer qu'il n'y a rien derrière elle, et pour sortir définitivement de cette situation. Mais veut-elle vriament se retourner uniquement pour ça ? Elle en a la chair de poule. Un froid déplaisant entoure ses épaules et descend le long de sa colonne vertébrale. Son T-shirt est trempé d'une sueur glacée et elle n'arrive pas à contrôler les réactions trop violentes de son corps. Quelqu'un a dit un jour : "Le corps est plus honnête que l'esprit." Une voix intérieure lui intime l'ordre de se retourner, en lui affirmant qu'il n'y a rien derrière elle. Elle doit se remettre au travai après avoir bu son Coca-cola, sinon elle ne pourra pas se présenter à son test demain. Les glaçons dans son verre craquent avec un bruit sec. Alors, Satoko, comme piquée au vif, se retourne enfin.