Extrait du roman "Stupeur Et Tremblements" de Amélie Nothomb aux editions Albin Michel ******************************************************************* Ces 3 pages (partie infime de l'ouvrage) sont présentées ici dans l'unique but de persuader et donner envie à l'internaute de se procurer le roman original, par ailleurs acquis par le rédacteur de l'article. Aucune inclinaison mercantile ne saurait être reprochée, c'est tout au contraire une volonté de promotion de l'oeuvre qui prévaut dans cette démarche. L'intégralité de ces textes sont la propriété de l'auteur Laura Kasischke et des différentes maisons d'éditions, Seuil pour la parution française et la traduction. Merci de ne les utiliser en aucun cas avant de s'être procuré le livre. ******************************************************************* Mondsieur Haneda était le supérieur de monsieur Omochi, qui était le supérieur de monsieur Saito, qui était le supérieur de mademoiselle Mori, qui était ma supérieure. Et moi, je n'étais le supérieur de personne. On pourrait dire les choses autrement. J'étais aux ordres de mademoiselle Mori, qui était aux ordres de monsieur Saito, et ainsi de suite, avec cette précision que les ordres pouvaient, en aval, sauter les échelons hiérarchiques. Donc dans la compagnie Yumimoto, j'étais aux ordres de tout le monde. Le 8 janvier 1990, l'ascenseur me cracha au denrier étage de l'immeuble Yumimoto. la fenêtre au bout du hall, m'aspira comme l'eût fait le hublot brisé d'un avion. loin, très loin, il y avait la ville - si loin que je doutais d'y avoir jamais mis les pieds. Je ne songeai même pas qu'il eût fallu me présenter à la réception. en vérité, il n'y avait dans ma tête aucune pensée, rien que la fascination du vide, par la baie vitrée. Une voie rauque finit par prononcer mon nom, derrière moi. Je me retournai. Un homme d'une cinquantaine d'années, petit, maigre et laid, me regardait avec mécontentement. -Pourquoi n'avez-vous pas averti la réceptionniste de votre arrivée ? me demanda-t-il. Je ne trouvais rien à répondre et ne répondis rien. j'inclinai la tête et les épaules, constatant qu'en une dizaine de minutes, sans avoir prononcé un seul mot, j'avais déjà produit une mauvaise impression, le jour de mon entrée dans la compagnie Yumimoto. L'homme me dit qu'il s'appelait monsieur Saito. Il me conduisit à travers d'innombrables et immenses salles, dans lesquelles il me présenta à des hordes de gens, dont j'oubliais les noms au fur et à mesure qu'il les énonçait. Il m'introduisit ensuite dans le bureau où siegait son supérieur, monsieur Omochi, qui était énorme et éffrayant, ce qui prouvait qu'il était le vice-président. Puis il me montra une porte et m'annonça d'un air solennel que, derrière elle, il y avait monsieur haneda, le président. Il allait de soi qu'il ne fallait pas songer à le rencontrer. Enfin, il me guida jusqu'à une salle gigantesque dans laquelle travaillaient une quarantaine de personnes. Il me désigna ma place, qui était juste en face de celle de ma supérieure directe, mademoiselle Mori. Cette denrière était en réunion et me rejoindrait en début d'après-midi. Monsieur Saito me présenta brièvement à l'assemblée. Après quoi, il me demanda si j'aimais les défis. Il était clair que je n'avais pas le droit de répondre par la négative.