ANA ET LES AUTRES
Une antichambre flottante propice à la catharsis – la chorégraphie des cloisons existentielles s’offrant une trêve – où débarque la jeune et frêle Ana en provenance directe de la mégalopole Buenos-Aires que l’on imagine, à contrario de ce décorum radieux, engluée dans la pollution et le tumulte. Ce qu’elle fuit – ses échecs, ses regrets ou ses désillusions de jeune adulte – nous ne le saurons jamais véritablement, toujours est-il que son retour, motivé par la vente de la propriété de ses parents, est l’opportunité pour ce rongeur inquiet et vagabond de reprendre – presque en filature – le cours de sa vie engourdie, laissée en stase. Greffé au parcours de l’héroïne le spectateur se voit jeté dans les rues calmes et vides où les fantômes efflanqués du passé le frôlent alors que la brise apaisante le porte subrepticement, jusque dans la bourgade attenante. Le premier film de Celina Murga – oeuvre fulgurante ayant écumé les festivals et croulant sous les récompenses de tous acabits – a ceci d’appréciable qu’il nous enjoint à une flânerie intemporelle, pour nous enfouir tranquillement dans la fixité métallique de la saison languide et délicate qui l’habite, idoine au relâchement ambigu de l’exiguïté des psychés. Littéralement fondus dans un paysage limpide ouvert magnifiquement à l’horizon, nous respirons un territoire vaste, puissant et immuable tels des pionniers patients de l’inconscient libéré. Des lignes de fuite induisant des perspectives paisibles en surface et tortueuses en profondeur : un miroir bruissant et serein par le truchement duquel le cœur s’emballe et l’identité se construit.
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F.
Flament |
Film argentin de Celina Murga (2003). Filature immobile enjoignant, au gré d'une brise toute de vacuité, à la flânerie, pour enfouir placidement sa périphérie factieuse dans la fixité métallique de l’été languide qui l’habite. Sortie française : le 28 Juillet 2004.
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