FEU DE GLACE
Une place de patriarche académique, adepte des fresques grandiloquentes de débauche démagogique et de raffinement capiteux, qu’il partage volontiers avec le somptueux amidonné émanant des cadrages de Zhang Yimou. Pourtant, porte-étendard putatif d’un pays et d’un régime – dont il est, bon an mal an, issu – en voie de désagrégation ainsi que victime de l’émergence d’un nouveau courant irrésistible et rêche dans sa joute coïtale, corrodée et affinée d’avec le réel (Jia Zhangke, Yu Lik-Wai, Wang Bing…), le cinéaste semble bien dépassé dans ses conceptions incunables et poussiéreuses – comme l’attestent les dérives éreintantes de L’Empereur Et L’Assassin qui, si nous faisons fi d’un nationalisme pesant et paradoxalement réprouvé (présent également, de manière plus homéopathique, sur l’analogue Hero de son compère unanimement encensé dans sa patrie), se débat dans les axiomes pétrifiés d’une picturalité stérile et chancelante. S’offrant une parenthèse anglo-saxonne (concrétisant un rêve occidental) avant le récent, mélodramatique et poussif Enfant Au Violon plus ancré dans les problèmes de société – parabole sucrée, aux relents totalitaires et aux clichés édifiants, auscultant un malaise diffus – et délaissant un type de propagande hiératique pour en privilégier un beaucoup plus torve et atone – le modèle capitaliste n’est pas loin dans cette duperie commerciale –, il nous gratifie du présent Feu De Glace (Killing Me Softly). Qualifier cette bluette érotico-soft acidulée d’aberration lénifiante fait office de compliment tant l’atmosphère navrante que lui confèrent un traitement d’enluminure (la volonté ténue de mise en scène se résume aux premières minutes par la transfiguration de l’univers ontologique carcéral des ensembles urbains grâce au motif récurrent des lignes verticales parallèles) et un scénario prévisible autant que vain le noie dans une indéfectible et indigente niaiserie. Errant nonchalamment entre les velléités transgressives et bestiales de Neuf Semaines Et Demi et une rebutante relecture du Soupçons d’Alfred Hitchcock, le réalisateur chinois auréolé de louanges échoue péniblement à déployer la moindre once d’intrigue et à générer la plus petite parcelle d’intérêt chez un spectateur qui n’est retenu que par les étincelles ingénues des formes callipyges et généreuses de la poupée de porcelaine opalescente interprétée par Heather Graham. Invraisemblances et incongruités soufflant le chaud et le froid pour masquer la vacuité sidérante d’une histoire indigne d’un Hollywood Night (ce générique cheap mêlant râles fiévreux et neige virginales se prend désespérément au sérieux), à savoir la rencontre d’Alice – prénom délicieusement polysémique à l’aune des écrits de Lewis Carroll – avec un ancien alpiniste au charme ténébreux et pervers, Adam, qui s’empresse de l’initier à certains jeux libertins, passionnés et dangereux, mais qui dissimule dans les tréfonds de son âme torturée des démêlés judiciaires irrésolus et des pulsions baroques. Dès lors, entre parties de jambes en l’air entravées, bucoliques ou déviantes, les acteurs se fourvoient dans un inepte, grotesque et asthmatique thriller incapable de faire planer le doute (la voix-off chichiteuse chez le psychiatre désamorce d’emblée ambiguïté, tension ou affliction) et se repaissant d’une gestualité outrancière, ostentatoire et syncopée, vaporisée au sein d’un capharnaüm de poncifs éculés.
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F.
Flament |
Film britannique de Chen Kaige (2001). Décadence d'un cinéaste à l'ampleur raffinée, jadis récipiendaire de la haute distinction cannoise, au sein d'une bluette ataraxique de pacotille engluée dans un carcan binaire et moralisateur. Sortie française : 5 Juin 2002.
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