SHOWGIRLS
Eprouvant, le long métrage l’est, assurément, par sa radicalité débordante, heurtée et défensive, son nihilisme ricanant mâtiné de platitude aguicheuse. Rapidement acculé – rebuté plus que fasciné d’ailleurs – le spectateur subit le passage infamant et cynique d’un cortège branlant de caricatures hystériques et appuyées, cheptel pécore en coït permanent, vulgaire – rien de sulfureux – et atrocement douloureux. Nous sommes loin des atermoiements sexuels suintants de désir torturé qui pourfendaient Basic Instinct dans sa chape moite, rance et subversive (voir la scène étiolée se tenant dans la discothèque pour ressentir la tessiture jugulée du gouffre atone séparant les deux réalisations), ici le cérémonial cinégénique se vautre dans la luxure dégoûtée, infamante et prompte à éconduire les germes du chaos affleurant. Paul Verhoeven fourbi ses armes de satiriste moralisateur envers un système hollywoodien dévoyé, en brossant le portrait d’une jeune femme sans nom – Nomi Malone, déesse exaltée, traumatisée et inadaptée, tombée des nues dans la seule scène du film susceptible d’intriguer : celle où elle est prise en filature au milieu de nulle part par une caméra pas encore dépourvue d’affect –, athlétique, dévorée d’ambition, prête à tout pour devenir une vedette des cabarets de Las Vegas. Le souci principal de cette synecdoque anémique c’est qu’à force de transgresser et d’oser, le propos immanent se consume dans une démesure défaillante (piaillements et caquètements horripilants, trognes patibulaires ou ménagerie obstinée), obstruée de cruauté avortée. Peut-être est-ce dû à une réaction viscérale du cinéaste qui renie ce à quoi il réduit la Femme sur l’écran, toujours est-il qu’en précipitant cette mère – Elizabeth Berkley, ancienne muse élancée du show adolescent Sauvés Par Le Gong, perdue, insurgée et décomposée dévore chaque plan qu’elle engendre dans une boulimie exténuante et égocentrique – dans les catacombes incestueuses d’un microcosme putride (déni de l'enfantement), sous les lueurs blafardes des néons (gourbis et peep-shows lugubres, saumâtres et délabrés abritant les pulsions les plus inavouables derrière de lourds rideaux opaques et crasseux, offusqués d’amertume), il renie sa fonction primale pour lui préférer celle de putain lubrique orchestrant des chorégraphies minnelliennes – rixes violentes, chatoyantes et désarticulées qui fera dire à un personnage que l’héroïne ne danse pas mais allume ceux qui l’entoure. Les épiphénomènes graveleux et sordides que Nomi crée en se débattant ne sont que des clapotis illusoires, des rognures d’ongles, abhorrant le véritable désir issant – pour preuve, dans la seule séquence, bradée et fugitive, dévolue au sexe consenti les ébats se voient nécessairement renforcés par une surabondance externe de liquide (piscine iridescente et chute d’eau bouffonne), synonyme d’une extase refusée par les gangues somatiques désespérément arides : flétries et maculées.
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F.
Flament |
Film américain de Paul Verhoeven (1995). Nanar fastidieux à la laideur repoussante où corps et sexe s’apprivoisent en un abîme addictif sous l'oeil pernicieux de femmes-dealers. Une variation éventée de Basic Instinct. Sortie française : le 10 Janvier 1996.
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