DESPERADO 2 : IL ETAIT UNE FOIS AU MEXIQUE
En tête de cette kyrielle d'acteurs chevronnés Antonio Banderas se consume en pistolero solitaire, torturé et diablement efficace lorsqu’il s’agit de sulfater au tout venant avec son arsenal retranché dans l’étui à guitare qu’il trimbale constamment. Outre la tête d’affiche attendue (l'interprète charismatique ayant remplacé dans Desperado le peu rentable et fédérateur Carlos Gallardo, héros terne et effacé du premier épisode) qui se contente de poses minimalistes éconduisant toute étude de caractère – Le Mariachi est désespéré et inadapté au monde, sa mélancolie s’épanchant par capillarité à la mise en scène, truquée, bancale et plagiée – le cinéaste a le génie d’associer dans un déluge outrancièrement pétaradant et tonitruant des gueules iconoclastes du cinéma américain telles Willem Dafoe, Mickey Rourke et surtout le trublion Johnny Depp. Dire que ce dernier illumine le film de sa présence serait pur truisme tant ses apparitions jubilatoires jettent au rebus les ambitions cinématographiques et formelles d’un auteur à la limite de la forfanterie. A l’image de son rôle dans Pirates Des Caraïbes, La Malédiction Du Black Pearl l’interprète lunaire détonne dans le paysage cliché mexicain, parvenant à se départir au milieu des ripailles, rixes et machinations qu’il enclenche d’un quelconque sérieux ou distance séditieuse pour mieux s’abandonner à l’apocalypse pulvérulente et défoncée de lumière qui se déroule sous ses pas. Du scénario idiosyncrasique, on ne parlera pas, tant sa déconstruction coupable et instinctive le rend caduque à chaque plan. Tout au plus les manigances d’un agent cynique et inconséquent de la CIA qui enfonceront dans le marasme un pays à l’équilibre précaire et de surcroît taraudé d'égocentrisme latent. Un vaste prétexte à un banquet opulent, régressif (l'homme derrière la sarabande chamarrée n'a pas grandi et se complaît avec délice dans une stase vaguement gore où l'on s’amuse à déchiqueter et défigurer ses jouets de chairs dans des pitreries grotesques de carabin) et boursouflé où valsent les pantins caricaturaux (politiciens véreux et veules, trafiquants de drogue retors et implacables, pauvres paysans des pueblos sous la coupe de mercenaires sanguinaires, héros chantre désenchanté des causes perdues…), les mines déconfites et les flash-back puissants et somptueux voués entièrement à la gloire de la beauté piquante, trépassée et donc sublime de Salma Hayek, unique apparition, éphémère, qui ne soit puisse être taxée d’anérogène.
|
F.
Flament |
Film américano-méxicain de Roberto Rodriguez (2003). Présentée hors compétition au soixantième Festival de Venise, la conclusion pétaradante et déjantée de la trilogie consacré au tueur solitaire mexicain El Mariachi. Sortie France : le 22 Octobre 2003.
Multimédias
Bande-annonce
/ Trailer (vo)
Photographies (35)
![]() |