EVIL DEAD
Avec un budget dérisoire et sur une trame résolument famélique – cinq jeunes gens décident de passer le week-end dans une maison retirée au fond de bois opaques et dès la première nuit deviennent les proies d’entités démoniaques réveillées par la lecture d’incantations écrites au sang sur le livre des morts gisant négligemment à la cave – le cinéaste débutant enclenche un déluge d’effets spéciaux gores plutôt artisanaux et de blagues potaches pour aboutir à une forme mirifique, iridescente et délicieusement ironique. Sarabande ahurissante, sincère et ludique de clins d’œil malins (le pont en friches, la balancelle grinçante…) et d’inspirations en rafale (recherche constante des angles et de la subjectivité inhérente à l’objectif, rythme hasardeux et déconnecté induisant un flottement jouissif – la transformation subite après le coup de crayon –, travail efficace sur les gros plans et le cadre – notamment pour la scène où Ash offre à sa fiancée un pendentif –), qui tend à l’explosion délirante et spectrale. Aucune limite ou même carcan idéologique autant que mercantile ne saurait enserrer l’hystérie, la dérision et le volontarisme d’une réalisation, certes parfois approximative mais hautement régressive, dont les émanations pourfendent l’écran, à la manière de la caméra d’un Robert Wise dans La Maison Du Diable. De ces bouffées détraquées perlent les références fétides, du genre horrifique des seventies au cartoon dégingandé voire aux déviances façon manga hentaï pour la séquence de viol végétal. Le résultat est un joyau amateur, radical et cacophonique qui bâti sa structure exponentielle et effrayante sur cet ensemble protéiforme et soigné de détails et se paie en outre le luxe de brosser l’avènement d’un individualisme forcené et rampant (prises de vue au ras du sol) qui sévira au fil de la décennie 80.
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F.
Flament |
Film américain de Sam Raimi (1981). Joyau amateur et cacophonique qui bâti sa structure exponentielle et effrayante sur une énergie et une inspiration mêlant humour libertaire et viscères sanglants, à la limite de l’hystérie. Sortie France : 24 Août 1983.
Multimédias
Bande-annonce
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Sons
(vo) N°1 / N°2
Photographies (25)
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