MEN IN BLACK 2
La cohorte de monstres – amicaux, renégats ou indifférents – protéiformes, benêts ou hystériques s’ébroue toujours avec une molle sympathie débonnaire, venant engraisser la phalange des créations délirantes, excentriques et bien inutiles des studios hollywoodiens enjoués. Au programme donc : une absence de scénario, une interprétation aléatoire sinon désincarnée et les réminiscences jubilatoires des effluves surannées – et faussement candides – d’un genre en déshérence à force de calculs mercantiles, dont le chantre serait le naïf Plan 9 From Outer Space sur lequel se voit calqué le documentaire (présenté par un Peter Graves au summum de la dérision) ouvrant l’histoire – et la résumant complètement, ôtant de fait tout intérêt dramatique à la quête guignolesque et désenchantée des agents J et K. Ce qui intéresse ici tous les protagonistes n’est ni plus ni moins que la circulation, la fluidité accueillante. Celle des formes, des idées, des gags ou de la lumière – transperçant et transcendant les corps – (la fameuse lueur de Zartha, d’où le prétexte fallacieux du script). Toute la progression de la machine énorme y est assujettie, dévouée. Parfois, des saynètes sont expulsées dans le mouvement perpétuel, gratuites, fulgurantes, elles sont hilarantes ou plates, mais visibles uniquement lors leur éjection du continuum filmique. Le reste est à l’avenant, au choix fumeux, plombé par une logique consumériste ou simplement de mauvais goût (les hideux fonctionnaires des postes). Mais jamais le cinéaste ne se départit de sa roublardise corrosive acquise et affermie au contact des frères Coen sur Blood Simple et qu’il avait su si parfaitement mettre au service des torves Valeurs De La Famille Addams avant de décliner jusqu'à la catastrophe Wild Wild West. Dès qu’il en a l’opportunité, il nous gratifie d’un clin d’œil burlesque, d’un décrochement navrant et complice pour nous signifier que ni lui (l’origine) ni nous (la destination, cette vigie imperturbable) ne sommes dupes. Mieux, d’abord récalcitrant il nous signifie bientôt que chacun de nous n’importe pas dans la vie du long métrage qui incarne exclusivement le voyage géographique et fantasmagorique (le générique en est le paradigme incongru), le transit temporel (durée étonnement faible pour en perpétuer la saveur précoce et instantanée – sans oublier une fin bâclée, arbitraire et raccourcie afin d’éviter de froisser les susceptibilités à vif après les attentats ayant meurtri et choqué les Etats-Unis). Voici donc une replongée dans le connu, dans le calice oniriste et bringuebalant de l’univers précautionneusement dérangé de l’auteur, où l’on ne s’emploie qu’à prolonger le triomphe, qu’à s’enfoncer dans les ramifications vacantes d’un imaginaire asphyxié – les velléités burtoniennes (Ed Wood, Edward Aux Mains D’Argent, Big Fish…) se délayant dans le marasme piochant et frénétique. La futilité lounge demeure alors le paravent parfait pour s’interdire de déflorer la coalescence proprette et fade d’une mémoire artistique en capilotade.
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F.
Flament |
Film américain de Barry Sonnenfeld (2002). Replongée dans un continuum filmique en mouvement permanent et dont les étincelles éjectées constituent les étoiles révérées par l’imaginaire asphyxié d’une mémoire fractale. Sortie française : le 7 Août 2002.
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