RING
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la suite des méfaits de Yamamura Sadako (2 autres ouvrages et une nouvelle), tant ce personnage fantomatique et démoniaque fascine. Une véritable enquête journalistique, elliptique, matinée de surnaturel qui privilégie le non-dit et surtout le non-vu puisque Sadako est à peine décrite sur une vieille photo et pourtant si présente. Telle l'araignée attendant son heure sur un coin de sa toile, elle ourdie son funeste projet du fin fond de son puits décrépit et boueux. Au sein de l'eau croupie le mal se développe plus aisément. Dans un Japon en plein essoufflement, le retour à la spiritualité et aux sectes est un aveu flagrant et pathétique d'un pays en quête de repères. D'une société où le vide a été érigé en art. Ring c'est un peu cela. Un monde où l'égoïsme et l'indolence surnagent, sans parler de la misogynie. Où le corps et l'être ne sont plus envisagés d'un point de vue ontologique mais comme de simples incubateurs pour satisfaire l'orgueil et la colère d'un être hermaphrodite, supérieur puisque complet. La vacuité de l'existence et son absurdité ont poussé les personnes à se trouver des raisons de vivre, la peur en est une, la culpabilité ou le sacerdoce aussi. L'auteur va même plus loin lorsqu'il affirme que l'homme a toujours eu besoin de crainte mystique -par rapport aux éléments extérieurs dans la vision shintoïste. Une nature qui abhorre la normalité et qui d'une manière ou d'une autre finit toujours par surpasser l'homme (éruption volcanique, variole, SIDA). Le mal est indissociable de son hôte. Passons sur les réflexions épistémologiques, dont le seul but est la démonstration du cheminement d'un homme pris au piège du temps et non le développement d'une véritable thèse cohérente, pour parvenir au coeur du problème : la vie, la donner, la vivre, la quitter. Asakawa se retrouve presque dans une position où il est obligé de vivre en ce sens qu'il se doit de faire des choix. Préférant jusque là gamberger et ironiser sur le comportement de sa femme, cet être hiératique se retrouve face à lui-même. L'instinct de conservation ? Pas certain car sa motivation première est de laisser une trace, partir avec l'impression d'avoir servi à quelque chose. Il envisage d'emblée sa mort comme certaine, et son enquête comme un moyen de remplir ses dernières journées. L'ironie de l'écrivain qui le renvoie à la fin de son sursis à l'endroit même où il a visionné les cruelles images la première fois n'a d'égale que celle avec laquelle il le place Ryuji en position d'observer "les derniers instants de l'espèce humaine"… La préciosité des contacts et des rapports, notamment homme-femme (avec Maï Takano) en dit long sur le degré d'étouffement et d'entrave des individus. Qu'est-ce qui dicte nos choix ? Qui influence ces hommes
au moment de violer une jeune femme ? Une image, une vidéo
enregistrée par hasard au lieu en lieu et place d'un feuilleton
populaire. Le libre-arbitre n'est-il qu'illusion, manipulé
qu'il est par des instances supérieures ? Le seul véritable
raisonnement que fera Asakawa le conduira en toute connaissance de
cause à déclencher l'épidémie. La race
humaine va péricliter. En cela est-il plus égoïste
que Sadako, raillée, difforme, contaminée et violée
qui de sa tour de prescience souhaitait un enfant ? Et cet égoïsme
soigneusement dissimulé derrières des idéaux
altruistes n'est-il pas ce qui nous permet de préserver notre
intégrité physique, de poursuivre une existence absurde. |
F. Flament
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10 Avril 2002
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Liens
Les
premières pages du roman
Les
éditions Kadokawa
Le
livre Double Hélice (Rasen) sur Inside a dream
Le
livre La Boucle (Loop) sur Inside a dream
Ringworld
Koji
Suzuki
Le
film Ring sur Inside a dream
Le
film Ring 2 sur Inside a dream
Le
film Le Cercle - The Ring sur Inside a dream
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Quelle peste cette Sadako ! |
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Kazayuki Asakawa est reporter au journal M. Il découvre fortuitement des similitudes entre la mort de sa nièce d'un arrêt cardiaque et celle de 3 autres jeunes gens du même âge. Le voila engagé dans une enquête mettant en lumière les relations du quatuor et leur séjour, une semaine avant leur décès, dans un chalet des alpes japonaises. Il visionne là bas une cassette vidéo contenant d'étranges séquences et un message lui annonçant sa mort dans une semaine…
Koji Suzuki né en 1957 à Hamamatsu sur l'île d'Honshu au Japon est diplômé de littérature française. Son premier roman date de 1990 : Le Paradis (Rakuen). Il décroche le prix de l'imaginaire japonais. Il atteint la célébrité grâce à sa trilogie Ring-Rasen-The Loop et le prequel Birthday. Un succès comparable à une prolifération ! |
FICHE
TEC
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Auteur : Koji
Suzuki Nationalité : Japonaise Publication : 1991 Nombre de pages : 309 Editeur français : Presse Pocket Editeur original : Kadokawa Shoten Publishing Traduit par : Annick Laurent Titre original : Ringu ISBN : 2-266-12123-5 Sortie française : Mars 2002 |